L'église Saint-Géry de Cambrai
À l'origine, cette église était une abbatiale dédiée à Saint-Aubert, le fondateur du diocèse de Cambrai au VIIᵉ siècle. Fondée dès le VIème siècle, elle est la plus ancienne église de la ville.
Elle devient église abbatiale Saint-Aubert au XIème siècle.
Reconstruite entre 1697 et 1745, elle est l'œuvre de l'architecte et maître tailleur de Pierre-Antoine Caby. Elle illustre deux traditions architecturales : le baroque des Pays-Bas, et le classicisme français.
Lors de la période révolutionnaire, sa fonction d’entrepôt des biens confisqués au clergé la sauva de la destruction. Dès 1804, elle redevint église paroissiale sous le vocable de Saint-Géry. Elle a été classée monument historique le 26 novembre 1919.
Les Trésors de l'église
Parmi les nombreuses richesses de l’église, la "Mise au Tombeau" réalisée par Pierre-Paul Rubens en 1616. Ce tableau commandé par le chapitre fut apporté par Rubens lui-même à la ville de Cambrai. Il s’agit d’une œuvre majeure du maître flamand : Joseph d'Arimathie et Nicodème portent le corps de Jésus, accompagnés de saint Jean, de Marie et Madeleine.
Le jubé polychrome en marbre et albâtre de style renaissance flamande, sculpté par le cambrésien Jaspar Marsy en 1635 est sans doute l’un des plus remarquables. Ce chef-d'œuvre a été déplacé sous la tribune de l'orgue en 1738, après que l’espace dédié à la liturgie ait été réaménagé.
L'édifice accueille aussi l'ancien maître-autel de l'église de l'abbaye de Vaucelles, en partie détruite à la Révolution
L’église a traversé de nombreuses épreuves, notamment des incendies, des guerres et des bombardements, mais elle a su préserver son rôle central dans le patrimoine cambrésien.
Les origines de l'orgue
L’histoire de l'orgue de l’église Saint-Géry est quelque peu fragmentée, mais plusieurs étapes importantes sont connues :
1615 : Une mention dans les archives indique que "l’instrument fut réparé et enrichi d’un jeu de voix humaine".
1634 : "Un positif d’orgue fut cédé à l’église par un père de l'Oratoire de Douai".
1775-1790 : Un orgue, dont la composition reste mal documentée, fut installé dans l'église, alors encore appelée Saint-Aubert, par le facteur Michel Carlier, originaire de Douai. Malheureusement, peu de détails subsistent sur ce point.
C'est ce buffet d'orgue de 1775 qui est encore actuellement visible.
La construction de l'instrument Merklin Schutze 1867
En 1867, un projet fut lancé pour doter l’église d’un orgue de style romantique.
La construction de l'orgue fut confiée aux facteurs Joseph Merklin et Friedrich Schütze, qui installèrent l'instrument dans le buffet existant.
L'instrument se compose alors d’un clavier de Grand Orgue (12 jeux), d’un clavier de Récit (8 jeux) et d’un pédalier.
Cet orgue de style romantique fut inauguré en février 1867 par Édouard Batiste, organiste de Saint-Eustache à Paris.
| Pédalier | I. Grand orgue | II. Récit |
| Flûte 16' | Bourdon 16' | Flûte Harmonique 8' |
| Flûte 8' | Flûte 16' | Dulciane 8' |
| Montre 8' | Bourdon 8' | |
| Bombarde 16' | Gambe 8' | Voix céleste 8' |
| Trompette 8' | Salicional 8' | Flûte octaviante 8' |
| Octave 4' | ||
| Prestant 4' | Trompette 8' | |
| Fourniture | Basson 8' | |
| Cornet | Voix humaine 8' | |
| Bombarde 16' | ||
| Trompette 8' | ||
| Clairon 4' | ||
| Traction mécanique |
Restauration par Ernest-Théodore Jacquot 1933
Après la Première Guerre mondiale et les bombardements de septembre 1918, l'orgue de l'église Saint-Géry fut gravement endommagé. L'orgue nécessitait une restauration complète.
En 1933, le facteur d'orgues Ernest-Théodore Jacquot entreprit cet important chantier de restauration. L'instrument restauré fut doté de nouveaux registres. Il se compose alors d'un clavier de Grand Orgue (13 jeux), d'un clavier de Récit expressif (12 jeux) et d'un pédalier (4 jeux).
L'orgue restauré fut inauguré en septembre 1933 par Pierre Eschenbrenner, organiste à Reims.
| Pédalier | I. Grand orgue | II. Récit expressif | Combinaisons |
| 30 notes | 56 notes | 56 notes | |
| Flûte 16' | Montre 16' | Flûte harmonique 8' | Tirasse Grand orgue |
| Flûte 8' | Bourdon 16' | Gambe 8' | Tirasse Récit |
| Montre 8' | Voix céleste 8' | ||
| Bombarde 16' | Bourdon 8' | Cor de nuit 8' | Grand orgue |
| Trompette 8' | Salicional 8' | Flûte octaviante 4' | Récit / GO 8 |
| Violoncelle 8' | Nazard 2' 2/3 | Récit / GO 16 | |
| Prestant 4' | Octavin 2' | ||
| Octave 4' | Tierce 1' 3/5 | Combinaison GO | |
| Cornet 5 rangs | Combinaison Récit | ||
| Fourniture 3-4rangs | Trompette 8' | Combinaison Pédale | |
| Basson Hautbois 8' | |||
| Bombarde 16' | Clarinette 8' | Tremblant Récit | |
| Trompette 8' | Voix humaine 8' | ||
| Clairon 4' | Expression Récit | ||
| Traction mécanique |
Transformation par René Godefroy 1978
En 1978, un changement majeur eut lieu sous la direction du facteur d’orgues René Godefroy. Désireux d’adapter l’orgue aux évolutions musicales et architecturales de l’église, Godefroy entreprit de reconstruire entièrement l’instrument, modifiant sa sonorité pour la rapprocher de celle des orgues d’Allemagne du Nord du XVIIIᵉ siècle, caractérisée par une sonorité plus claire, plus ciselée et adaptée au répertoire baroque.
L’orgue de Saint-Géry passa ainsi à 41 registres, répartis sur trois claviers (Grand Orgue, Positif, Écho) et un pédalier. Il fut harmonisé au tempérament inégal Kirnberger III, un accord utilisé par Johann-Sebastian Bach.
Le nouvel orgue fut inauguré en octobre 1978 par Philippe Lefebvre, organiste titulaire des grandes orgues de la cathédrale de Chartres.
Composition actuelle
| Pédalier | I. Grand orgue | II. Positif | III. Echo | Combinaisons |
| Principal 16' | Montre 16' | Montre 8' | Bourdon 8' | Tirasse Grand orgue |
| Soubasse 16' | Montre 8' | Bourdon 8' | Gemshorn 4' | Tirasse Positif |
| Quinte 10' 2/3 | Flûte 8' | Octave 4' | Super octave 2' | Tirasse Echo 8 |
| Principal 8' | Quinte 5 1/3 | Flûte 4' | Flûte 2' | Tirasse Echo 4 |
| Bourdon 8' | Prestant 4' | Doublette 2' | Sifflet 1' | |
| Octave 4' | Flûte 4' | Quinte 1' 1/3 | Cymbale 2 rangs | Tremblant Positif |
| Mixture 5 rangs | Quinte 2' 2/3 | Sesquialtera 2 rangs | Régale 8' | Tremblant Echo |
| Bombarde 16' | Doublette 2' | Mixture 4-5 rangs | Hautbois 4' | |
| Trompette 8' | Tierce 1' 3/5 | Basson 16' | Positif / Grand orgue | |
| Clairon 4' | Fourniture 4-5 rangs | Cromorne 8' | ||
| Cymbale 3 rangs | ||||
| Trompette 16' | ||||
| Trompette 8' | ||||
| Traction mécanique |
Restauration et ré-harmonisation 1998
En 1998, l'orgue bénéficie d'une ré-harmonisation et un dépoussiérage réalisés par la Manufacture d’Orgues de Flandres et d’Artois, sous la direction du facteur Michel Garnier.
Un récital inaugural fut donné en avril 1999 par Pierre Méa, organiste titulaire de la cathédrale de Reims.
Etat actuel et entretien
L’entretien de l’orgue a été poursuivi au fil des années :
2007-2008 : Relevage des sommiers du Grand Orgue, du Positif et du Pédalier par Daniel Decavel, facteur d’orgues à Berlaimont.
2015 : Installation d’un nouveau jeu de trompette 8' sur le clavier du Grand Orgue, par Quentin Requier, facteur d’orgues à Longuenesse.
L'orgue de l’église Saint-Géry est un instrument de qualité, particulièrement adapté aux œuvres du répertoire baroque.